Paris se la joue cocktail à l’armagnac

L’eau-de-vie gasconne est la coqueluche d’un bar à cocktail rue du Faubourg Saint-Denis dans le 10ème arrondissement. Le Syndicat, nouveau lieu très tendance de Romain et Sullivan. Découverte.

 

« Le syndicat ». Drôle de nom pour un bar à cocktails branché dans la rue (de plus en plus Bo-Bo) du Faubourg Saint-Denis,  dans le 10ème arrondissement de Paris ! Idée iconoclaste que l’on doit à deux trentenaires que rien ne disposait à une rencontre.  Romain Le Mouelic, breton, et Sullivan Doh, parisien. Le premier est un brillant diplômé de HEC, le second est, sur la place parisienne, une star du cocktail. « Je rêvais du monde du cocktail, avoue le jeune breton, mais pour cela il était indispensable de rencontrer un spécialiste de ce type de boisson. »

Comme souvent, c’est une amie commune qui permet à Romain de croiser Sullivan, un pur produit de Ferrandi, l’école française de gastronomie. « Après l’école, j’ai appris le métier en restauration gastronomique, raconte Sullivan, avant de choisir la voie du bar à cocktails ». Une bifurcation qui fera  de lui un barman réputé de la Capitale. « Raison pour laquelle, sourit Romain, il n’a pas été facile de le convaincre de quitter son employeur et se lancer à mes côtés dans une nouvelle aventure ». « Créer un bar à cocktail à Paris, ok, renchérit Sullivan, à la condition de trouver l’idée qui pourrait déchirer. »

L’idée qui va déchirer, ils la tiennent les deux compères. Ils en sont persuadés. On vous la livre : ne proposer que des cocktails à base de spiritueux français. Les whiskys ou autres rhums,  sont  priés d’emprunter le trottoir d’en face. « La France compte plus de cent spiritueux, éclaire le diplômé de HEC. Tu imagines le potentiel ? » Pas moins de dix mois de réflexion ont été nécessaires à l’accouchement. Mais si l’enfant s’est fait attendre, il a emporté l’adhésion de Sullivan, le barman. « ça me parle, s’enflamme-t-il. Les alcools français sont riches et complexes, à moi de les sublimer pour conquérir les consommateurs de notre génération. » Là est l’ambition.

Dès l’ouverture du bar Le Syndicat –il se veut défenseur des spiritueux français- Romain et Sullivan privilégient les cocktails à base d’armagnac. « L’eau-de-vie gasconne est une petite appellation mais le savoir-faire des producteurs est exceptionnel, pointe le jeune breton. Pour moi, elle symbolise le produit français. Nous souhaitons démontrer qu’il ne s’agit pas uniquement d’un digestif que l’on boit avec son grand-père au pied de la cheminée.  A nous de faire découvrir à nos jeunes clients que l’armagnac est, aussi, une base idéale pour les cocktails. »

Parmi les meilleurs au monde

Sullivan n’en doute pas. « Très souvent j’étonne de jeunes consommatrices lorsque je leurs dévoile qu’elles viennent de s’éclater avec un cocktail à base d’armagnac. La preuve que ce produit a surtout besoin d’être connu. » Les deux associés du 10è arrondissement s’y emploient avec la complicité de Florence Castarède. Depuis l’ouverture du Syndicat, la Bas-armagnacaise est très présente à leurs côtés. Ces eaux-de-vie sont coktailisées mais peuvent également être consommées en digestif. D’autres marques d’armagnacs trônent dans ce bar à la mode aux accents berlinois et new-yorkais tant dans sa décoration baroque faite de placo, de marbre découpé au lazer, que dans son ambiance rap/hip-hop.

Voilà comment l’armagnac  joue les vedettes rue du Faubourg Saint-Denis pour le plus grand plaisir d’une nouvelle génération de consommateurs, des Monsieur Jourdain qui dégustent des armagnacs sans le savoir. Demain, ils deviendront, c’est l’espoir de Sullivan et avec lui toute la famille armagnacaise, des ambassadeurs indispensables au changement du regard porté sur l’eau-de-vie gasconne. Confortés par les réactions des premiers dégustateurs de cocktails à l’armagnac, les barmen surfent  sur un succès naissant. Un concours à la  Nouvelle Orléans vient de  classer Le Syndicat parmi les cinq meilleurs bars à cocktail au monde. Excusez du peu. La Compagnie des Mousquetaires de l’armagnac n’est pas en reste. Début septembre, elle a intronisé Romain et Sullivan. Deux nouveaux mousquetaires pour un nouveau  mode de consommation.

 

Novembre 2015