Chasseur d’armagnacs dormants

Vincent Laterrade, sommelier conseil, et la famille Fitte, vignerons au Château de Herrebouc, ont créé récemment une nouvelle Maison d’armagnac. Un événement pas si fréquent.

L’événement est suffisamment rare pour être rapporté. Le département du Gers compte une nouvelle maison d’armagnac, née de la rencontre de Vincent Laterrade, sommelier conseil passionné d’eau-de-vie gasconne, et de la Famille Fitte, vignerons au Château de Herrebouc en Côtes de Gascogne. Et voici les armagnacs Fitte & Laterrade, derniers venus dans la grande famille des armagnacais gersois.

Aménagé dans un ancien moulin à eau du XVe siècle – le Moulin de Laumet, près de Vic-Fezensac – le chai des armagnacs Fitte & Laterrade abrite des pièces de chêne qui portent, marqués à la craie, les chiffres des années de distillation.

 

Dans le chai des armagnacs Fitte et Laterrade

 

Enfant de Gascogne passionné d’armagnacs, Vincent Laterrade répertorie avec gourmandise, depuis plus de 20 ans, des stocks d’armagnac dormant.

« Ce qui est beau pour moi dans l’Armagnac, s’enflamme-t-il, c’est ce qui est beau dans la Gascogne. J’aime cette terre et les gens qui la font, leur sincérité, leur caractère simple, terriblement authentique. Je suis venu à l’armagnac par goût et par amour de la région. » Et de citer la formule de Christian Millau, fondateur du Guide Gault & Millau : « L’armagnac ne s’achète pas, il se chasse ».

Et c’est vrai que Vincent chasse des stocks dormants « qui correspondent à une exigence de qualité et d’authenticité. J’ai de la chance, en tant que négociant, de pouvoir choisir parmi ceux que je trouve les armagnacs qui feront preuve d’une cohérence certaine et d’une vraie élégance. »

Le parti pris de la maison Fitte & Laterrade, est de ne proposer que des armagnacs millésimés. Directement issus des barriques armagnacaises alignées dans le chai, l’eau-de-vie est mise en bouteille à la propriété et vendue au degré réel. Les armagnacs sont bruts de fûts. C’est-à-dire qu’ils n’ont subi aucune manipulation avant l’embouteillage, ni réduction, ni coloration. Et parce qu’il s’agit d’être cohérent et de respecter le consommateur, les flacons sont issus d’une verrerie locale, les étiquettes sont en papier chiffon de la région, la cire est française, les cartons ou les coffrets en chênes de pays sont fabriqués dans le département. « Nous sommes vraiment sur une production artisanale, plus proche de la haute couture que du prêt-à-porter. »

Il ne s’agit pas de faire un armagnac pour tous, mais de proposer un armagnac à chacun

Vincent Laterrade propose à des amateurs et des dégustateurs, qu’ils soient déjà connaisseurs ou en devenir, des armagnacs authentiques et élégants. Ici, l’armagnac n’est pas un produit et l’amateur n’est pas un vulgaire client. « On peut apprendre l’armagnac comme on apprend la musique. On peut découvrir l’éventail aromatique – la queue de paon -, les différents parfums, en goûter la richesse, la force », souligne Vincent, rappelant que l’armagnac est issu d’un grand nombre de hasards et de contraintes liés au climat, à l’histoire de la région, au chêne de Gascogne, à la nature.

« On ne peut pas maîtriser la nature, au mieux peut-on l’accompagner. Tant de facteurs peuvent influencer d’abord le vin puis l’armagnac : le sous-sol, le cépage, la façon de travailler la vigne, la distillation, le bois utilisé pour les pièces, le type de chais et jusque l’emplacement du tonneau dans les chais ! Il n’existe pas, et c’est heureux, un armagnac absolu, qui serait bon au même moment pour tout le monde. Il ne s’agit donc pas de faire un armagnac pour tous, mais de proposer un armagnac à chacun. Nous devons amener le consommateur vers différents armagnacs, et l’aider à construire son armagnathèque comme on construit une bibliothèque, en se rappelant qu’il n’y a pas de but, seulement un chemin. »

 

 

 

Le site des armagnac Fitte & Laterrade